Le nouvel an chinois
Printemps des poètes, Musée Branly, Paris, 2010




Fondation d'Entreprise Ricard
Paris, 2013


(Le cafe)
L' été de mes 17 ans, a Kaohsiung, sud de Taiwan, ou je fais mon pensionnat. j ai ratée une matière, il a fallu que je reste a l'école prendre des cours pendant les vacances. Il n y a que les cours le matin. Je me suis alors décider a aller chercher un petit job le soir.

Devant la gare routière, il y avait un petit cafe, sur sa vitre fumé une petit annonce "cherche serveuse". Il était midi, avec ma copine, on a poussé la porte.

Il faisait tout sombre et très frais. Une odeur de tabac froid mélangé a l'odeur d une vieille moquette humide. Quelques tables étaient contre le mur de gauche. A droite il y avait un long comptoir. Visiblement il n'y avait personne.

"Je peux vous aidez?" Une voix d'homme est apparu. J'ai tourné la tête, juste a coté de la porte d entrée, la première table devant la vitrine, un homme assit. Un homme d une cinquantaine d année, habillait flou, visage flou, n'avait pas beaucoup de cheveux sur son crâne qui se fond parfaitement dans le paysage.

L'homme nous demandait notre âge, et a quelle école nous étions
Il ne nous a rien demandé de plus et dit ok vous pouvez commencer des que ce soir, robe ou jupe exigée.
On souriait: "C'est vrai?" Cool.

Il faisait super beau dehors, quand on poussa la porte, une boule de chaleur et de lumière nous a submergé.



(Le neon et le cocktail)
Le soir on est retourné au café. L'enseigne était allumé, c' était un panneau rectangle rose avec les léttrages blanc, et il y avait des petites ampoules qui clignotaient autour. Sur cette mystérieuse vitre fumé été accroché un néon rouge "Orchidée Café", la vitre paraissait encore plus noire que pendant la journée, on ne voit pas du tout a l intérieur.

On pousse la porte, l'homme qui nous a accueilli ce midi nous dit de nous installer derrière le comptoir. Notre boulot du jour c'était juste de faire entrer des clients, de dire bonjour et d apporter des tasses de café.

Le comptoir était haut. Quand on est assit on ne voit pas ce qu'il se passe dans la salle. Il y a un petit frigo, un évier, une machine a café, une bouilloire et un petit bureau derrière le comptoir. Souvent on se serrai près du bureau avec ma copine, on dessinait et des fois on faisait nos devoirs.

J'ai appris a faire du café frappé, du thé aux fruit frais, et mon préféré un cocktail qui s'appelle Honey egg Juicy. Ce cocktail sans alcool est a la base de jus d''orange, jus de citron vert, du miel et un jaune d'oeuf. C'était bon cette petite boisson. Je l'ai shaker avec des glaçons d'abord, ensuite je la versait dans un grand verre, il y a toujours plein de mousse intense, couleur jaune pale dessus. Douce comme un nuage. Sur le bord du verre, j'avais coincé une cerise confite, ensuite j'y plantais une longue paille. Et c'était fait !

Tout le monde m'a dit "hmm c'est super bon!" J' étais fière de moi, plus que mon cours de français, et je m'imaginais déjà que j' étais la plus belle barman de Honey egg Juicy.

J'ai vu le film Cocktail au cinema. Je me voyais valser avec Tom Cruise quand je bossais, des fois, dans ce bar sous le halo de néon qui faisait le bruit "Bzzz…. Bzzzz…."

When will I be loved

(En haut)
Un jour enfin je suis monté en haut. En haut de l'escalier, il y a beaucoup de petites chambres. La chambre a environ 4 mètres carré, dedans il y avait un canapé futon, une table basse et un téléviseur. On m'a dit je monte et je discute avec le client.

Personne n a jamais allumé la télé, je n'étais même pas sure qu'elle fonctionnait ou si c'était juste une déco. Mes clients étaient de différentes professions, j'ai des médecins, des chercheur scientifique, vendeur de téléphone, employé d agence de voyage et aussi des "je sais pas ce qu'ils font", par exemple il y en avait un, cheveux rasé, plein de tatouage. Il était extrêmement calme, m'a demander ce que je faisais ici. Je ne lui ai pas demandé son métier mais ma copine m a dit qu'il était de la mafia, mais j'avoue qu'il était très mignon. Un peu comme le voyou de Catherine Deneuve dans "Belle de jour".

Au début, on jouait le rôle de psychiatre ou de conseiller de la mairie. Les hommes me racontaient leur problème de couple, leur difficulté dans leur boulot, et s'intéressaient aussi a ma vie privée. Ils me demandaient si j'avais un petit copain, quel style de garçon j'aimais et qu'est ce que je projetais dans le futur après l'école.

Jusqu'à ce jour ou un gentil médecin me proposa de me masser les seins pour qu'ils grossissent, vu que j'étais très menu, c'était un service médical m a t il dit. Quel gentleman. Mes pauvre petit seins étaient timidement cache encore dans leur soutien gorge Snoopy en coton acheté par maman. La main du médecin était grande et chaude. Il m'a dit de fermer les yeux.

J'ai ferme mes yeux. J'entendais le bruit de la clim et de temps en temps les pas des autres dans le couloir. Toujours cet odeur de cigarette froide et de moquette humide. Il m'a donné 20 euros.

A partir de ce soir la je suis devenu une pute.

Falling

(L'été)
Il faisait super super chaud cet été. On restait souvent a l'intérieur ou il y avait la clim. Mais souvent quand on restait trop longtemps sous la clim, on avait trop froid. Ca créer carrément deux grosses différences de température, dehors et dedans, le monde l'extérieur et le monde intérieur.

Le patron est toujours assis a coté de cette vitrine fumé couleur marron glacé, qui me fais beaucoup penser aux lunettes soleil Yves Saint Laurent de ma mère. Il observait le mouvement du monde de l'extérieur. Il parlait rarement. Il fumait.

Une fois j'ai pleuré après avoir descendu l'escalier. Il m'a vu, il m'a dit : "Vient ma petite."

Il m'a dit, il y a que l'argent qui compte dans la vie. Le reste ce n'est pas grave. Il m'a longtemps parle, très gentil, comme un père.

Alors que mon père ne m'a jamais parle comme ça. Moi mon papa il fumait aussi, et il faisait des calligraphie chinoise.

Le beau voyou, je ne l'ai jamais revu. Ma copine m'a dit qu'il était venu une fois le jour ou j étais en repos, il m'a cherché. Cela a flatté mon petit coeur.

J'ai travaillais pendant un mois cet été-la dans ce café et c'est vrai j'ai gagné pas mal de fric. J'ai tout dépense en mangeant au restaurant, a acheter des fringues et en sortant beaucoup en boite de nuit. A la fin de l'été, il ne me restait plus rien. Comme avant.

J'ai remis mon uniforme d'écolière et suis rentré en 4e année de mon pensionnat. Comme si rien ne s'est passé, le cours de philo une fois par semaine, le cours de littérature française ou on faisait M. Voltaire ce trimestre, et le cours militaire, il faut bien tenir le fusil…Malgré tout se qui s est passé cet été j' étais toujours amoureuse du même type de garçon, et tout les week-end j allais aller chez mes grand-parents en bus. Rien n'avait changé, tout roulait comme sur l'agenda.

Mais ma copine et moi désormais, on n'est plus copines.

To be with you




(77105 Episode 1)
Festival ExperienZ 1, Bruxelles, 2012


-La plus belle pour aller danser

Tout commencer par cette danse.

J'avais 14 ans. C' était ma premier bal. Chez nous a Taiwan on ne danse pas. Mais j' étais dans un école catholique spécialise langue étrangère. On apprend aussi les coutumes étrangère- occidentale. Pour moi le bal, j'ai connu que dans les films American.

Le bal, chez les bonne soeur, les filles obligeait porter les jupes ou robes pas question de porter pantalons ou jeans, et il faut dépasser les genoux.

J'ai porté un T-shirt violet avec les manche ballon et une jupe couleur parme lacer derrière.

C'est magique. La salle plonge dans un noir, avec les jolis lumière couleur qui tourne lentement, la boule disco brillait comme les petits diamants. Et les musiques, super fort, tellement fort on s'entend plus le conversation avec mes copines. On doit hurler pour s'entendre a cote nos oreilles.

Le slow. Wow le chanson on ne sait pas le titre en anglais surement, doux comme du coton, comme du miel, comme du barbe a papa… ultra romantique, on avait l'impression qu'on est sur un lit de plumes.

Un garçon soudain m'a tenu la main, et il m'a emmener au piste.

Il a met ses mains sur ma taille, je sais j'ai déjà vu dans les films, j'ai mis les mien sur ses épaules. A quoi ressemble sa tête j'ai aucune idée. On dansait doucement, tourne en rond doucement, sous les regarde de tous les autres filles et les garçons, sous ce douche de lumière de rêve.

Tout a cause de cette danse.

C'est trop beau. J'ai voulu que ça danse pour toujours dans ma vie.




Une année pour rattraper les notes que j'ai ratée, j'ai rester dans le pensionnat pendant vacances de l'été pour suivre les cours extra. il y a que le cours le matin. L'après-midi j'ai trouver un job dans un karaoke.

J' étais employée multi fonction: serveuse, barman, et dj.

Les clients commande les chanson, et j'insserne les k7 vhs qui contiens le clip des chansons commander dans les magnétoscopes, dans une toute petite sort de bibliothèque vhs- salle de technique. Et des fois je dois parler au micro: applaudissez s'il vous plait.

Un jour j'ai rencontrer un garçon, il est serveur de l'été comme moi. Il est très mignon. On a regarder le clip de New Kids On thé Block i'll be loving you forever devant le moniteur de karaoke.

On étions au 5e étage. Un grand vitrine panoramique donne sur un grand rond point, notre panneau "La cite du Soleil" (le nom de notre karaoke) clignante juste devant notre visage. La vue sur cette ville, cet été, magnifique.

-I'll be loving you forever

Mes grand parents habitent au sud, une ville pas trop loin de ma pensionnat. J'ai élevée par mes grand-parent jusqu'à l'age a scolariser, mes parents sont venu me récupérer a mes 4 ans. Et après, je passais tous mes vacances été la-bas.

C'est atroce, ma grand mère tuais les grenouilles. Elle a acheter une botte de grenouilles-, oui comme une botte de carottes, ils sont attacher un a l'autre avec un ficelle. Vivante. Pour préparer la soupe aux grenouilles elle les ai couper la tête un par un par terre devant la porte. Sous le soleil.

Le sang et l'eau de robinet coulait en une petite rivière. Les grenouilles, criait, saignent, les jambes battait. Je mettais mes mains sous mes oreilles, je chantais fort pour camoufler le souffrance de ces pauvres bêtes.

Elle était bonne la soupe de grenouilles aux ails. Ma grand-mère est morte quand j' étais au 4e année des beaux-arts. Du coup jamais je peux re-gouter cette cruelle soupe.

-You are my Sunshine

Je voyageait avec ma mère et ma petite soeur. Sur le bateau de Tokyo vers Osaka. J'ai une photo de moi, ma mère m'a prise sur le bateau. Dans le photo a cause le vent j'ai les mèches sur mon visage.

Je portais mon t-shirt violet que je portais pour ma premier danse.
Maman étais enceinte de mon petit frere. Elle portais une robe fleuri rose.

C' est ma premier fois que je met les pied dans un pays étranger. les gens parlent une langue étrange, la vie fonction différemment, les signes de panneaux dans la rue tellement abstrait on dirait du poésie… être une étrangère c'est être mystérieux, ça ma beaucoup plu.

Dans le bateau avec ma soeur on n'arrête pas de courir, pour découvrir les chambres, les cabines, les étages, les couloirs et aussi la terrasse. On regardait les passagers monte et descends. Jusqu'à il fait nuit, on est entre dans notre cabine, changer en pyjama, on a pas envie de fermer les yeux, on continuait de regarder dehors par la petite fenêtre tout rond.
La mer immense noir de velours. ici n'est pas chez nous, on est très très loin de la maison. Le bruit de vagues, le bateau perce légèrement, je m'endors avec les petits lumières sur l'eau reflet de la lune. Comme les petits diamants précieux.

-Because the night

J'habitais au nord. A Taipei, le capital. J'ai re-descendu au sud a l'âge de 14 ans pour le pensionnat. J' étais contente, ça m'a approche de mes grand-parents.

Le différence entre le nord et le sud, c'est le soleil. Il fait chaud et il fait beau.

Je voyageais en bus. Quand on arrivait a Kaohsiung, après 5 heures de la route. J'ai enlever mon blouson et je l'ai nouée autour de ma taille.

A l'école on m'a distribuer un numéro: soixante dix-sept, un, zéro cinq. Soixante-dix sept c'est l'année 1988, l'année république taïwanais, l'année que je suis entrer dans cet école. Un, la classe langue française, zéro 5, je suis l'élève numéro 5, en tout il y a 54 eleve dans ma classe.

On s'appeler par numéro pendant ces 5 ans d'études. On a ce numéro brodée sur notre chemisier, et les vestes. Ca me fait penser aujourd'hui comme les criminel dans le prison ou les animaux qui vont aux abattoirs ont les tatoo numérote sur le dos, ou les juif dans le camp de concentration pendant la seconde guère mondiale. Avant la fin de la guerre, ma grand-mère s'appelait Yoshida Miraru pendant l'occupation japonaise. 1945, quand le japon a perdu, ils ont du quitte Taiwan. On l'a enfin rendu son vrai prénom taïwanais en ce moment la, Ju-Sue, et en même année elle a épouse un jeune policier, mon grand-père. Leur première enfant, ma mère est née en 1947.

J'ai voulu être hôtesse de l'air en sortant de cet établissement. J'avais 19 ans et j'ai voulu voir le monde, voir le Japon, voir le pays qui parle la langue des chansons romantique, voir la France le pays de Emmanuelle Beart de Manon la Source que j'ai vu le film a l'école pendant le cours. Mes copines de classes beaucoup entre eux travaillait dans les compagnie aérien, parce que a part parler une langue étrangère on ne sait rien faire autre, le numéro 7 et numéro 36 travaillait pour China airline, le numéro 12 travaille pour continental Air, le numéro 17 New Zeland Airway, le numéro 39 Eva Air, le numéro 45 Fu-Hsing Air, j'ai les nouvelles aujourd'hui grâce a facebook. J'ai tenter les concours, mais on m'a refuse a l'époque, le raison c'est j' étais pas assez costauds.

Mais finalement, la fille pas très costauds, j'ai quand même envoler, toute seule l'an suivant. Avec deux grosses valises, le 27 janvier 1994, le jour il neigeait, j'ai atterri a l'aéroport Charles de Gaule a Paris. Et j'ai vu la tour Eiffel pour la premier fois le 28 janvier.

Un jour quelqu'un m'a poser une question, et je suis rester.



le 25 décembre, 1945 Tomoko, le soleil est complètement caché sous la mer, je ne vois vraiment plus l'ile de Taiwan. T'es encore debout la-bas en train de m'attendre?



(Si la mer sait parler Si le vent tombe amoureux de sable Si quelques pensées oubliée dans certain longue vacance Je vais écouter les vagues Laisser le vent souffler les cheveux Laisser l'amour du souvenir crier dans les marais du temps. Pas besoin d'attendre le printemps s'éloigne, qu'il approchera l'été, j'ai compris lorsque je me retourner. Quand le rayon du soleil est revenu encore au sud de la frontière qui est sous la pluie, je vais essayer de continuer l'histoire que j'ai pas pu fini l'autre année. Quand le rayon du soleil repartira du sud de la frontière qui fessait trop beau, est-ce que tu va me tout rentre l'amour que tu a emporté lorsque tu me me dirais adieu, avec le sourire? La mer est très bleu, les étoiles brillent, j'ai encore les bras vide. Le ciel est grand, la nuit que je chantais tout seul, pardonne-moi que je parle trop lent mon amour. Quand le rayon du soleil est revenu encore au sud de la frontière qui est sous la pluie, je vais essayer de continuer l'histoire que j'ai pas pu fini l'autre année. Quand le rayon du soleil repartira du sud de la frontière qui fessait trop beau, est-ce que tu va me tout rentre l'amour que tu a emporté lorsque tu me dirais adieu, avec le sourire? …A Ga, ce soir après le concert je dois repartir au japon… Reste, ou je pars avec toi!)



(77105 Episode 2)
Festival ExperienZ 2, Wiels, Bruxelles, 2013


+ As the tears go by

Momie de crocodile

J'ai emmené mes fils au Louvre. Dans la partie Antiquités, il y a des momies égyptiennes. Parmi les momies qui sont toutes en bandage et en forme de cocon, il y en a une qui est différente. Elle n'a ni bandage ni tissu qui l'enveloppent, elle est au naturel, juste avec sa peau toute séchée. C'est une momie de crocodile.

Liam a deux ans et demi, avec sa taille il était très près de la bête. Il a collé son front sur la vitre, il ne quitte pas ses yeux de la momie.

Momie de crocodile. Il répète ce mot.

Quand j'étais petite, je souhaitais être momifiée à ma mort, ou momifier ma grand-mère à sa mort. J'imaginais que c'était une façon de garder "en vie" la vie. J'ai du mal à supporter l'idée de ne plus voir ni plus jamais toucher la personne qu'on connait si bien et qui nous tient à cœur. Ma chienne lorsqu'elle est morte, je cherchais à la faire empailler aussi. Mais bon tout ça c'était juste des idées. Ma grand-mère a été enterrée correctement, avec une cérémonie ordinaire. Et ma chienne fut piquée dans une clinique. On a eu le rendez-vous chez le vétérinaire et elle serait piquée à 16h la veille de Pâques. Je me souviens lui avoir dit au-revoir à 14h dans le joli jardin bordelais rempli d'hortensia de mes beaux-parents, et je suis montée dans mon TGV pour Paris. A 16h, dans le train, j'ai regardé ma montre, le paysage reculait rapidement, je me suis mise à pleurer.

J'imagine la momie de ma grand mère et ma chienne empaillée dans le salon ? Mais non mais ça fait forcement trop peur. Liam a peur depuis l'épisode du Louvre. Il dit "Oh momie de crocodile…" avec une petite voix quand il entend un bruit bizarre dans le couloir ou dans le noir. Je suis une méchante maman, j'en profite, pour son éducation. Je dis : Dépêche-toi, soit sage, attention la momie de crocodile arrive !

Oui après il devient sage.

Je pense qu'il devait peut-être confondre la momie et le zombie.

+ My body is a zombie for you

Le couche soleil de Bordeaux

Le paysage a bien reculé en vitesse. De l'autre côté de la fenêtre, la Garonne était haute, au bord de l'eau plus loin on voit le toit gothique de l'église St Michel. Oh surprise le soleil orange, tout rond, qui est suspendu au bas du ciel au milieu du pont Aquitaine, presque artificiel dans ce tableau d'une fin de journée d'hiver toute grise.

J' étais au CAPC ce samedi après-midi. En partant j'ai vu un homme entrer, qui s'arrête à côté de moi et baisse la tête pour prendre un programme. Je le connais ce monsieur je me suis dit. Je l'appelais, sans me souvenir de son nom.
"Monsieur…"
"oui ?"
"Je vous connais.
En regardant son visage en face, j'ai eu soudain une petite hésitation. Il a quand même un peu changé, peut-être que ce n'est pas lui ?
"Vous êtes le professeur aux beaux-arts, enfin vous étiez n'est-ce pas?"
L'homme m'a regardé avec une expression un peu détendue :
"Oui…"
"Désolée je ne me souviens plus de votre nom, ça fait tellement longtemps, je suis entrée en 94 et sorti en 99…"
"Oui effectivement ça fait longtemps…"
"J'ai pas fait de la peinture, mais je souviens très bien en première année de votre cours de couleur."
"Rappelez-moi votre nom?"
"Hsia-Fei."
"Ah je me souviens très bien, Fei, t'es toujours sur Bordeaux?"

Le garçon super super mignon qui travaillait à la caisse a levé ses yeux pour nous regarder. Sur tous les gens qui travaillent ou tournent autour du CAPC, 9 sur 10 sont des anciens élèves des Beaux-arts. Les meilleurs sortant sont des artistes qui y exposent, ou travaillent dans les administrations, ou les surveillants, les médiateurs, ou je connais le galeriste en face, et le brocanteur derrière le musée en était un aussi.
"Non je n'habite pas à Bordeaux, je viens déposer mes fils à leur père pour les vacances. " j'ai répondu.

J'ai raconté à M. Cuin, notre cher professeur, que je m'étais mariée après être sortie de l'école avec un camarade de ma promotion. Ensuite on est parti à Paris. Quelque années plus tard, je suis devenue mère de deux enfants. Et maintenant je divorce. Le temps passe vite. M. Cuin m'a écouté gentiment, il a dit :
"J'ai l'impression que c'était hier que je t'ai vu à l'école… Moi je suis grand père de 3 petit enfants maintenant !" Il m'a donné le carton d'invitation de son exposition à Paris. Une peinture composée de blocs de couleurs orange et verte, qui m'a fait penser a Rothko.
"Oh ç'est très bien assorti avec ton vernis!" Sur mes doigts qui ont pris son carton, les ongles portaient le Dior Waterlily. Il a sorti un stylo bic et y écrivait son adresse email, je lui demandais : " vous n'êtes pas sur facebook?"

Pour aller à la gare, je marchais sur le quai. Il n'y avait pas de tram auparavant. J'étais à pied tout le temps et je connais par cœur ces jolis petites ruelles en pierre. Quand l'école était finie, on empruntait tout le temps la rue Camille Sauvageau pour rejoindre la Place St Michel, là il y a le bar tabac PMU et son patron auquel il manquait une jambe. Un paquet de Gauloise coûtait 15 francs. J'ai toujours gardé cet emballage de couleur orange sablé en souvenir, le soleil faisait traîner nos ombres très très longues derrière nous sur les pavées.

+Keep on the sunny side

L'escale

Quand j'ai débarqué de chez moi pour venir faire mes études en France. J'avais deux grosses valises à roulettes avec moi. C'était papa qui me les avait achetées toutes neuves au marché. Il y avait pour l'essentiel des vêtements chauds, une doudoune, des collants, un sac de couchage, une paire de baskets Reebok, une casquette en velours bleu, il parait qu'il fait super froid en France.

Ma mère a fabriqué une petite poche en tissu cousue à l'intérieur sur la taille de ma jupe, pour cacher les billets en francs qu'elle m'a donné.

J'ai pas pleuré à l'aéroport quand j'ai dit adieu à mes parents. J'ai voulu aller voir le monde. J'ai pleuré seulement un peu avant arriver à Abu Dhabi.

Les gens commencent à ranger leur affaires, si Abu Dhabi était leur destination. Et pour ceux qui font juste l'escale, comme moi, on préparait aussi notre sac à main. Nous descendrons pour une demi-heure de pause, et on repart dans le même avion. Je n'ai jamais entendu parler d'Abu Dhabi, il parait que c'est à Dubaï. Et Dubaï il parait est à côté de l'Arabie Saoudite.

En pensant que j'allais bientôt atterrir sur une terre inconnue, la peur imbibait mon corps par capillarité, petit à petit. L'écran montrait le chemin de notre airbus, on a parcouru 6600km depuis Taiwan. Le trajet était une trace de feutre vert sur la carte, les villes étaient les petits point rouges, et l'avion était tout petit comme dans un jeu vidéo qui avancerait tout doucement. Paris était complètement à gauche de l'écran, on était à mi-chemin.

Mon voisin, un homme d'affaire avec un costume noir et une chemise blanche, avait une petite valise comme l'agent 007.

Tout le monde était serein. Ils lisaient les journaux, il y avait le bruit des pages qui se tournent, et le bruit de climatiseur. Ils buvaient les verres, les hôtesses de l'air étaient souriantes, marchaient silencieusement en traversant le couloir. Je pensait à papa et à maman qui étaient encore à mes côtés tout à l'heure. Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait plus tard. Je savais que mon aventure commencerait vraiment à l'atterrissage de l'avion sur une terre qui ne serait pas celle de mon pays.

Quelques minutes plus tard, on a atterri. Je posais et pressais fort ma main sur ma taille ou il y avait la poche secrète de ma mère. J'ai suivi le courant des passagers pour entrer dans le hall de l'aéroport d'Abu Dhabi. Dans l'aéroport, il y avait beaucoup d'hommes qui portaient le dishdash et le keffieh, très nombreux, partout, par-ci par-là. C'était la première fois que je voyais les Emiratis. La scène était tellement exotique que mes yeux ont oublié leurs larmes, et les laissaient séchées sur mes joues.



Cristal

J'avais croisé Delphine quelques année plus tard. J'avais un bébé dans mes bras.
Elle revenait de Berlin après un long séjour a l'étranger. Elle m'a dit ça va Fei, tu te souviens de Anne-Christine? Elle est morte.

Anne-Christine était une étudiante en 2e année des Beaux-Arts lorsque je l'ai connu. Dans la même classe que Delphine. Je me souviens. Elle m'a dit "Appelle moi Cristal." ( Les cristaux les plus communs sont la neige, le sucre, les sels, les oxydes, les sulfures, les métaux et les pierres précieuses. Lequel de ceux là serait elle si elle en était un ?)

Oh a oh. On sirotait des boissons alcoolisé dans les gobelets en plastique.

Cristal m'a montré sa montre sur son poignet gauche. Elle s'est rapproché de moi et me parlait à l'oreille : "ma montre s'est arrêtée". Le musique était très forte : "Video killed the radio star. Video killed the radio star. In my mind and in my car, we can't rewind we've gone to far". Elle dansait et portait une culotte qui ne cachait pas entièrement ses fesses. Sa frange blonde qui s'arrêtait au ras de ses sourcils embrouillait son regard. Sa peau était si blanche, comme de la neige. Je dansais. Delphine aussi, avec une cigarette entre les doigts.

On était très concentré à danser. On n'a presque pas pu discuter. Je me suis rendu compte que je n'avais partagé qu'une heure avec cette Cristal dans ma vie. Je ne l'ai pas revu après cette heure là.

"Quelle heure est-il?" Elle hurlait encore une fois dans mes oreilles.
Je n'avais pas de montre. Je ne pouvais pas lui dire quelle heure il était
Il était entre 16h et 18h.

Delphine m'a dit que Anne-Christine s'était pendu avec une corde. Toute seule ce jour là dans le petit grenier remplie le noir de la mélancolie, a-t-elle pleuré en haut du tabouret? Pendant combien de temps son corps s'est il balancé ? Qu'est-ce qu'il y avait à la télé ce soir là?

Avant de m'envoler pour la France, j'ai fait l'escale à Dubai où je me suis acheté une montre. 1994. C'est une Swatch Rouge tout en plastique. Je l'avais vu dans un magazine auparavant. C'était mon premier achat avec l'argent que mes parents m'avait donné pour mes études en France.

C'est marrant. Le premier objet avec lequel j'a débuté ma vie française était une montre.
Le cadeau que je me suis offert : c'est du temps...
Cela fait 19 ans. Ma Swatch s'est arrêté aussi, il y a bien longtemps. Je n'ai pas pour autant su apprivoiser la notion du temps. Je suis toujours en retard. Toujours en train de courir derrière le bus. Toujours arrivé sur le quai et voir mon TGV passer. Je cours...

Une montre ne m'a pas vraiment sauvé.

Le bébé est né quelques mois après la mort de Anne-Christine que j'ignorais. Il est né en fin d'été.

Le jour ou j'ai croisée Delphine au musée, le bébé tétait mes seins. Elle rentrait d'un long voyage. "Ouf ça fait une paye qu'on ne s'est pas vu, quelle surprise". Elle n'a pas changé, avec un blouson en cuir à la Easy Rider. Comme un garçon, elle n'a pas les cheveux long. Elle m'a dit :"c'était chouette l'Allemagne, il a beaucoup neigé".

J'ai des nichons à l'air, très gonflée très dur comme s'ils commençait a cristalliser. J'ai un peu froid.

+Blue velvet/ blue star

Blue jeans

Un jour un ex-amoureux m'a retrouvée sur Facebook, et il m'a demandé comme amie. Je me souviens quand j'ai décidé de quitter le pays, il m'a écrit un poème : Peut-être que c'est à Paris que je tiendrai ta main un jour, ensemble nous ferons le chemin jusqu'à la fin de nos jours. J'ai accepté. Dans sa page, il a un album photo nommé "wedding", et j'ai bien vu qu'il avait trouvé une autre main à tenir.

Je me souviens, en Corse une nuit, toute la classe marchait dans le champ, en levant la tête, j'ai vu dans le ciel des milliers et des milliers d'étoiles. M. le professeur a dit : Voyez-vous ces étoiles comme elles sont belles ! Mais franchement il y en a trop, pour moi c'était presque écœurant. J'ai pensé : on dirait les boutons sur le visage d'un adolescent.

Le visage d'un adolescent, des fois il y a plein de boutons. Des fois il est tellement gras qu'il reflète la lumière. Il dégage toujours un légère mélancolie, et plein de questions sur la vie.

C'était en Dordogne. Une vielle maison qui n'existe plus. Parce que les grand-parents sont mort et les amoureux ne sont plus. Mais je me souviens très bien cette lumière blanche embrouillée par les rideaux en dentelle, entrant par la fenêtre de ma chambre au matin. Ça sent l'humidité, et les champignons qui poussaient sur la tapisserie fleurie. J'ai une photo-souvenir : je suis debout devant le grand miroir au-dessus de la cheminé avec mon reflet en blue-jeans.

+Open arms




BOOBS
Hsia-Fei Chang pour Christian Robert-Tissot


Quand j'ai dit que j’allai me faire refaire mes seins tout le monde était contre, à part Jessica. Chaque samedi je travaille comme vendeuse dans une boutique de gadget à Paris, Jessica c’est ma collègue, elle a tout juste 20 ans. Elle trouve effectivement que ma poitrine est trop plate. Elle aime s'habiller avec de grands décolletés qui mettent à l’air la moitié de ses seins. Son nez est déjà refait, elle s’est fait enlevé l'an dernier une petite bosse sur le dessus. Je lui ai dit que j'hésitais car premièrement c’est douloureux, que deuxièmement c’est onéreux et que troisièmement on ne sait pas si l'opération va réussir. Jessica m’a dit qu'elle me donnerait le numéro de son docteur. C'est très important un bon médecin. Elle m’a dit aussi que quand on a vraiment envie, la douleur ce n’est rien.

Ma belle-soeur Hortense est médecin. Elle est cancérologue, depuis cette année elle travaille dans une clinique privée. Dans cette clinique il y a un plasticien, elle m'a dit qu’elle aller se renseigner pour moi. Elle pense qu'il est bon. Ce qu'il y a de bien maintenant, c'est qu'après avoir poser les prothèses, on peut toujours allaiter. Elle me l'a expliqué en dessinant sur l'espace libre d'une page d’un Femme Actuelle. Un sein de profil au stylo bic bleu : le téton et le muscle, la prothèse que l’on met en dessous du muscle, ici, elle a dessiné une flèche. Là.

Est-ce que tu as déjà touché des faux seins? J'ai demandé à Christian.

Je me suis fait toucher les miens quand je travaillais dans un bar d’entraîneuses à Kaohsiung. C'était l'été de mes 16 ans. L'homme qui m'a commandé me disait qu’il était docteur, et qu’il savait comment augmenter ma poitrine sans chirurgie ni médicaments. Avec ses grosses mains, sous mon t-shirt Hello Kitty, il me massait, massait, massait... Nous étions dans une chambre de 5 mètres carrés, sous la lumière jaune d’un coucher de soleil artificiel et d’une musique d'ascenseur couverte par le bruit du climatiseur. L'odeur de moisissure mélangée à celle du tabac froid, mon regard était paralysé par une vielle tache de café sur la tapisserie, là juste derrière la tête de l’homme. Il m'a dit : ferme tes yeux.

Je fermais les yeux. Je suis dans le bateau avec ma mère et ma petite soeur. Nous avons quitté Tokyo direction Osaka. C’était aussi l’été, un mois d’août, il faisait beau et il faisait chaud. Chaque touriste disposait d’un kimono pour la nuit, dans leur cabine. Avec ma soeur on les a mis tout de suite après les avoir découvert, en plein après-midi. On courait et riait sur le pont du bateau dans nos petits kimonos bleu ciel. La mer, les mouettes, les japonais, les japonaises, ça balance à gauche, ça balance à droite, le vent souffle sur nos joues toutes roses. Maman se reposait dans la cabine, elle en était à 8 mois de grossesse.

C'est ma grand-mère qui m'a appelé au pensionnat. Mon frère est né quelques jours après la rentrée. La ville du pensionnat est loin de ma famille, au sud du pays, près de la ligne tropical. Là ou j'ai passé mes 5 ans d'adolescence. J'avais un sentiment un peu étrange. Puisque maman était en train d'accoucher d’un bébé et que ma copine venait d'avorter la semaine passée. Le petit ami de ma copine était dans la classe en dessous de la notre, il était grand et mignon, il avait un scooter Yamaha argenté, tout brillant. Je me suis réveillé en plein milieu de la nuit par ses cris, elle faisait des cauchemars.

C'était notre grand secret. Lydia et moi ont a travaillé comme entraîneuse pendant un mois dans ce bar en face de la gare routière de Kaohsiung. On s‘est fait un peu l'argent de poche, j'ai acheté quelques pairs de jolies baskets et Lydia a acheté un porte monnaie Vuitton. On s’est juré, quand on a démissionné à la fin des vacances d'été, de ne jamais rien dire à personne. On se sentait coupable, on était consciente d’avoir commis une grosse connerie. Je n'ai jamais revu ma copine après avoir quitté cette ville, le pensionnat est terminé. J'ai entendu dire, il y a quelques années, que quelqu'un l'avait vu de loin à l'aéroport et qu'elle avait un gros ventre. Et elle avait les cheveux longs.

Christian baisse les yeux, il sort son tabac à rouler de sa poche de jeans et il mouille une feuille d’OCB avec sa langue.

Hortense est venu à Paris, la semaine dernière, avec ses deux enfants. Elle a rendu visite à une copine de fac qui est atteinte d’un cancer. Elle a emmené les enfants à Disney Land. Nima, je la connais aussi, je l'ai rencontré à la soirée d'enterrement de vie de jeune fille d'Hortense. Le lendemain, au mariage, je me souviens très bien qu'elle portait une robe violette à poids, on a bien rigolé et on a dansé, la danse du canard coa coa coa... Je n’ai pas pu les accompagner, je travaillais. Le soir les enfants m'ont montré leurs nouvelles peluches Mickey et Minie, le garçon a eut aussi un couteau de pirate, et la fille a eut un journal intime Blanche Neige.

On ne sait pas combien il reste de temps à vivre à Nima. Elle va bientôt être amputée de ses deux seins. Ca a été rapide pour ma grand-mère, du jour ou l’on a su qu'elle avait le cancer, elle n’a survécut que deux mois. J'ai rêvé d'elle la veille de sa disparition, elle me souriait. J'étais à Paris, il n'y avait pas de vol pour rentrer chez moi immédiatement. Je me rends compte longtemps après, qu'elle voulait en fait, me dire au revoir.

Dans Disney Land mon manège préféré c’est « Space Mountain ». Je l'ai découvert au Disney Land de Tokyo. C'est un manège qui envoie à grande vitesse, les passagers se balader dans l'espace. On se fait tiré par un vaisseau et on se jette dans un grand trou vide et noir. Ensuite on est plongé dans un voyage inconnu, personne ne sait ce qui nous attend devant et vers quelle destination nous allons. Tout le monde crie de peur et de joie. Ma soeur et moi nous nous tenions la main, et nous avons découvert à notre grande surprise, plein nos yeux, des milliers d'étoiles dans le ciel! Des milliers! Elles brillent comme des petits diamants. Partout, partout, près ou loin. Nous avons levé nos bras, nous voulions les décrocher. J'ai failli pisser dans ma culotte. A la sortie il y avait une flaque écœurante de vomi de couleur miel doré par terre.

Effet hypnotisant, tout était gonflé, les vaines, le cerveau, le coeur, les yeux, l'estomac, la vessie, les orteils, les genoux, les narines, l'anus, les lèvres...

A la fin du repas, Christian a avalé et recraché la fumée de sa cigarette pendant que je léchais tranquillement mes boules de glace à la vanille.

Hsia-Fei Chang, 2008
Catalogue update 07_Christian Robert-Tissot
Ed. Les presses du réel


© Chang Hsia-Fei